Lecture : La Grande Mademoiselle amoureuse

LECTURE PAR ISABELLE MENTRÉ, COMÉDIENNE.

« C’est un petit homme (...) peu de cheveux blonds, mais fort mêlés de gris, mal peignés et souvent gras ; de beaux yeux bleus mais quasi toujours rouges ; un air fin, une jolie mine ; son sourire plaît ; le bout du nez pointu, rouge ; quelque chose d’élevé dans la physionomie ; fort négligé ; quand il lui plaît d’être ajusté, il est fort bien.

Voilà l’homme. Pour son humeur et ses manières je défie de les connaître, de les dire ni de les copier. Enfin il m’a plu. » À 43 ans, la plus riche héritière de France va brûler d’une passion dévorante pour Lauzun, ce courtisan inclassable qui sut aussi fasciner Louis XIV et Saint-Simon. Ce sera l’acmé d’une vie romanesque entre toutes qui s’achèvera dans la tragédie.

Victime de la raison d’État, du calcul et de l’envie, Anne Marie Louise d’Orléans aurait pu se livrer à des souvenirs amers. Il s’en faut de beaucoup. Écrits dans une langue qui parfois fait songer à Molière ou Racine, ceux-ci livrent le témoignage d’un cœur épris d’absolu, intransigeant jusqu’au sublime. Saint-Simon appelait cela de la naïveté.